L’Ombrie a toujours su magnifiquement recevoir ses hôtes: les campaniles de Perugia se détachaient nettement sur le panorama bleuté des Apennins enneigés et un soleil radieux attendait les Aixois venus célébrer le centenaire d’Albert Camus dans le cadre du projet: « Los « Straniergo » fra noi » i 100 anni di Albert Camus alla Biblioteca San Matteo degli Armeni » (« L’étranger » parmi nous, les 100 ans d’Albert Camus à la bibliothèque San Matteo degli Armeni »).
Cette manifestation, créée en collaboration avec l’office des relations internationales de la ville de Perugia, le lycée du sacré Cœur d’Aix-en-Provence, l’Association Italienne d’Aix et du Pays d’Aix et, en partenariat l’Association des jumelages d’Aix, se déroulait les 16 et 17 décembre 2013.
Deux journées denses ouvertes par Nilo Arcudi, maire adjoint de Preugia, et imaginées par Maurizio Tarantino, directeur de la bibliothèque san Matteo, ont mêlé conférences (en français et en italien grâce à la traduction simultanée) et lectures d’extraits des œuvres de Camus par des élèves de Premièrer du lycée Sacré Cœur, et des élèves du lycée Alessi de Perugia, mais aussi des artistes professionnels (Giannermete Romani, comédien et Francesco Vitillo, guitariste).
L’exposition autour des tirages originaux de Jacques Ferrandez, que les Aixois ont découvert il y a quelques semaines à la bibliothèque Méjanes, partenaire obligé de cette manifestation, a invité à une redécouverte originale du maître livre de Camus. Marie-Jeanne Coutagne, au titre de l’Académie d’Aix, a mis en valeur certains points moins connus des livres camusiens.
La bibliothèque municipale « Saint Matthieu des Arméniens » abrite la Fondation « Aldo Capitini »: Mario Martini, Directeur scientifique de la Fondation, a évoqué le sens de l’oeuvre d’A.Capitini (1899-1968) et le dépôt de la bibliothèque du penseur dans les locaux de San Matteo. Capitini est encore trop peu connu en France: il est considéré comme « le Gandhi de l’Italie », en raison non seulement de ses engagements courageux antifascistes, mais surtout en faveur de la paix par la non-violence. Son oeuvre, importante, présente des convergences intéressantes avec celle de Camus, ce que Claudio Francescaglia. Président de la Fondation Capitini a particulièrement bien mis en évidence. A.Camus et A.Capitini sont deux exemples pour des jeunes avides de sens.
L’éclat d’une telle manifestation n’a de signification que si elle est soutenue: côté italien par la ville de Perugia, particulièrement par l’équipe menée par Daniela Borghesi, et côté Français, par le dynamisme infatigable de Bernadette Amoros (de l’AIAPA, professeur d’italien au lycée Sacré Coeur et responsable des relations Aix/Perugia). Sachant faire partager ses enthousiasmes à ses élèves et à ses collègues (Mme Guichard et Mr Caligari, professeurs de lettres), elle a présenté l’enregistrement d’un échange entre des élèves et Catherine Camus effectué à Lourmarin quelques jours avant la manifestation: la vidéo, sous-titré en italien a été projetée le lundi 16 décembre, en fin d’après midi, devant un publics très ému: un moment de grande simplicité et de réelle profondeur.
Des projets s’esquissent déjà qui ne peuvent que mettre davantage en valeur les richesses réciproques des deux villes jumelées, et de la compréhension de l’autre, de sa culture, si proche, si différente malgré tout!
L’ »Etranger parmi nous »: une belle aventure qui aura, n’en doutons pas une suite…!
Article du Courrier d’Aix – Samedi 11 janvier 2014